"Guetter la forêt déserte chaque matin. Et le ciel qui passe du bleu délavé au rose lavande. L'âme qui s'apaise. Avoir l'enfant contre mon ventre et ne plus penser à rien. Oublier les murs gris".
On pense toujours que ça n'arrive qu'aux autres. Mais tout peut basculer en une fraction de seconde. Un jour c'est le bonheur parfait et le lendemain tout s'écroule. Le cauchemar. Le vide. Le silence.
Marianne était heureuse avec son mari David, une petite vie tranquille loin du bruit de la ville, dans la forêt. Et aujourd'hui, elle se retrouve menottée, dépossédée, enfermée, et pourtant, elle clame son innocence. Dans ce lieu gris, sale, dans cette prison où elle va devoir continuer d'exister. Elle attend son jugement, celui qui scellera son destin. Est-ce qu'elle aurait pu faire quelque chose pour éviter ça ? Alors que le procès tarde à arriver, le médecin lui annonce qu'elle est enceinte. Marianne doit décider : garder l'enfant ou interrompre sa grossesse.
Peut-on devenir mère en prison ? Doit-on donner la vie en prison à un enfant innocent et dont la règle veut qu'il sera séparé de sa mère au bout de dix-huit mois ? Marianne ne peut renoncer à cet unique espoir : mettre au monde l'enfant de l'amour, le bébé de celui qu'elle aimait et qui n'est plus. Les âmes tourmentées qu'elle rencontrera dans cette prison et au-delà des murs, l'aideront à faire les rares choix qu'elle a encore le droit de faire, et à tenir... mais jusqu'à quand ?
La seule chose à regarder, c'est le ciel. Ce ciel bleu parfois chargé de nuages. La seule porte ouverte vers le monde. Se souvenir qu'il existe un ailleurs. On a tendance à l'oublier
Un sujet difficile écrit avec une plume sensible
C'est avec beaucoup de sensibilité que Laurie Cohen raconte le quotidien d'une mère incarcérée. Au début Marianne ne sait rien de son état , depuis son incarnation elle se laisse transporter par les conditions rude de la prison puis lorsque l'annonce est faite quelque chose se réveille en elle, la lumière de son futur bébé la maintient en vie et lui donne toute la force physique et mentale nécessaire pour survivre à son incarnation.
Si le thème est rude c'est avec une infinie douceur qu'on suit l'histoire et les pensées de Marianne . Comment en tant que mère ne pas s'émouvoir de sa condition? Imaginez vous perdre votre mari dans de tragique circonstance? Vous avez beau hurler votre innocence vous être tout de même enfermée. Votre vie est derrière vous, derrière ses barreaux et cette cellule crasseuse. Plus d'intimité , vos pensées sont votre seules sources d'évasion . Vous voulez mourir et voilà que la vie germe en vous? C'est beau , non? Marianne vivra cette maternité comme un espoir , une chance , un cadeau mais là où le bonheur sommeille il y a la séparation irréfutable à 18 mois entre la mère et l'enfant, tout le long de la grossesse et les premiers mois de vie du bébé cette épée de Damoclès résonnera dans le cœur de Marianne mais également dans le notre. Quoi de plus douloureux que d'être séparé de son enfant?
La justice n'est pas infaillible
Tout dans ce roman sonne juste , il y a la mélancolie des jours heureux, de la colère, de la tristesse et pas seulement avec le personnages de Marianne. L'autrice nous dépeint le milieu carcérale avec de mots d'une grande justesse et tout en résilience. Les autres détenues ont aussi une histoire , certaine sont chaotiques, d'autres sont juste une erreur de parcours et d'autre il n'y a que de la férocité. Les gardiennes ne sont pas seulement des gardes barrières.
J'ai plus d'une fois été en colère contre le système judiciaire avec sa lenteur, le manque de compassion des avocats , plus d'une fois j'ai été troublée par l'accusation et leurs paroles si violentes.
"Hors des murs" est un roman maitrisé doté d'une grande sensibilité et d'une fine justesse qui saura se faire une place dans les cœurs.
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