C’est l’histoire de Camille, fille de. Fille d’un acteur ? D’un chanteur ? Non, de Dominique Alderweireld alias Dodo la Saumure, proxénète. Camille qui doit composer avec l’absence d’un père désintéressé de son sort, trop occupé par la gestion de ses maisons closes et ses allers-retours en prison. Camille grandit et doit construire son identité, celle d’une femme moderne et indépendante, qui cherche à donner un sens aux silences et aux non-dits qui projettent une lumière trouble sur son univers familial. Sans cesse tiraillée entre la colère et le pardon, l’abandon et le désir de tisser un lien avec son père. L’expérience de Camille est à la fois personnelle et universelle car elle est aussi celle de toutes ces femmes qui ont pour seule figure masculine un homme qui ne les voit que comme des biens, des objets dont on se sert pour satisfaire son ego et réussir.
Mais c’est aussi l’histoire d’un auteur, Julien Dufresne-Lamy, qui veut raconter Camille, son amie, et ce que c’est d’écrire vrai, ce processus qui l’entraine sur le chemin tortueux des souvenirs enfouis, des résistances, des scrupules, des pudeurs, des choix que doit faire celui qui narre la vie d’une autre.
« Il y a une histoire vraie qui me confisque. Ce doit être un livre sans fausseté et sans silence, je le dois à mon amie Camille d’abord, je le dois à l’écriture avec qui il est bon quelquefois de cesser les coups de triche. Alors depuis que ce livre existe, une peur pointille : comment faire de longues confidences un livre vrai, un vrai livre ? Comment faire de mon amie une héroïne ? »
907 fois nommée et pourtant à la limite de la transparence
Pour une personne dont le prénom est nommée 907 fois, elle nous reste très lointaine. Totalement insaisissable, l'émotion ne vient pas, j'ai lu sa vie sans m'émouvoir. Ni chaud, ni froid, calme plat.
Le récit basé sur des faits réels reste très fictif car même si Camille parle de son histoire, elle se livre finalement très peu. Julien Dufresne-Lamy suppose, retranscrit, enjolive son personnage qu'est Camille. Il l'a décrit comme il la voit lui et ce n'est pas forcément ce qu'elle est réellement car finalement Camille a part raconter des brides de son enfance ne nous laisse pas entrer dans sa tête et dans son cœur. Et parce que Camille se livre peu, l'auteur en profite pour combler les trous en témoignant son amitié sincère pour elle, on ne peut pas le nier Julien Dufresne Lamy aime sincèrement son amie mais cela nous éloigne encore plus du récit, un livre témoignage doit nous émouvoir, nous apporter quelque chose et là malheureusement ce n'est pas le cas car à point d'être le témoin lointain d'un auteur racontant quelques passages de vie d'une amie dont son père est une ordure ça ne m'a pas touché.
Dodo La Saumure sur le devant de la scène
L'auteur le clame tout le long, ce livre ne parle pas du père de Camille , c'est juste un personnage secondaire comme il l'a été tout le long de la vie de sa fille. Pourtant, j'ai trouvé qu'on le mettait très souvent sur le devant la scène quitte à éclipser le personnage principal de Camille.
L'épilogue m'a fait tiquer car Julien Dufresne-Lamy rencontre enfin ce père indigne de son amie mais il dit:
" Dodo est devant moi, il me parle et ça m'est égal, je n'ai rien à apprendre de lui, rien à lui soutirer pour l'écriture de ce livre dans lequel il était question de tout, sauf de lui".
Et bien non car même si l'auteur affirme tout le long du récit que ce livre ne parle pas vraiment de Dodo la saumure, je suis désolée mais pour ma part j'ai appris plus de chose sur lui que sur Camille et si Camille est nommée 907 fois Dodo la Saumure ne doit pas être loin.
Une très jolie plume
Je ne peux pas nier que le fond du livre ne m'a pas transcendée mais l'écriture de Julien Dufresne-Lamy est sublime, il joue avec les mots , on ressent son amour à travers ses phrases . C'est très agréable à lire , c'est d'autant plus dommage car malgré sa plume si émotive je n'ai pas été emballée . Une grosse déception .
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